samedi 24 août 2013

Correspondances (j')écriture en cours !

Je suis depuis un petit moment déjà en train d'écrire sur les correspondances d'hier à aujourd'hui. Roselyne Sibille m'en a confié de sa famille, j'en ai récupéré de la mienne et je continue d'ailleurs la collecte pour poursuivre ce travail.


Quelques extraits




Vous bougez,
me donnez envie de vous aimer, vous entourer de mes bras, vous laisser entrer chez moi. Vos lettres me parviennent, comment savoir ce qui respire avec elles. Vous vous égrenez, vous prenez de la place pour n’être ni trop petits ni trop grands. Vous me poussez dedans pour me fleurir au bout des doigts.
Vos odeurs d’herbes et de foin coupés.
Vos douceurs de dentelles.
Vos langues que j’entends passer de vos mémoires à la mienne.
Vous bougez tant que je vous rejoins dans vos couleurs. Je poursuis vos voix avec le bruit du cœur, quelque chose qui bat tout près mais aussi plus loin.
Vous auriez sûrement dit : « c’est tout pour aujourd’hui. »





Tout entre vous et moi que je n’ai osé garder dans mes mains. Je n’y suis pour vous ni personne, ni la neige en été, ni le blé dans les champs. J’y suis dans les mots et encore et vos voix qui s’éveillent m’y retirent. Vous êtes plus que des ombres, je ne m’assois dans un coin et vous regarde dans ce que vous étiez. Et quand vous dites : moi je raccommode tous les jours, tout est déchiré. L’étoffe déchirée par quel craquement de terre. Cela passait les jours à relier les fils les uns aux autres, un tissu étendu jusqu’à nous, la laine que vous aimiez, la lumière de vos maisons. Je m’efforce de ne rien dire, j’ai troué mes chaussettes.







Vos linges suspendus quelque part au jardin où à vos fenêtres. Vous viviez à vous saluer d’un bout à l’autre, vous écrire vos vies qui passaient, vos bonjour, je pense à toi. Je vous entends écrire ces mots que vous ne saviez pas poèmes. Ce n’était parfois rien, pas des rimes, vous disiez en peu de mots. Des lignes à caser dans un rectangle où aller à l’essentiel mais que vous preniez soin d’aligner dans la couleur des jours.






Vos lettres tous les jours et avec du retard. Cela mettait du soleil aux lèvres de qui les recevait. Il n'y était question de presque rien, vos petites choses qu'on a oublié, votre temps qui vous est venu puis vous a renvoyé tout un bleu de jardin un soleil des jours. Vous disiez les bains de mer comme une pluie d'été ou quelque chose de bon pour le cœur puis ailleurs. Et vos yeux qui brillaient vous étiez un peu loin...







Comment pourriez-vous savoir nos écritures d’aujourd’hui. Comment l’encre sèche aussi vite qu’elle n’en prend même pas le temps. Nos doigts font un bruit de galops et rien ne crisse sur la feuille. Comment pouviez-vous imaginer cela depuis vos jours d’avant. Ce n’était pas il y a si longtemps mais qui se souviendra après nous de vos écrits d’antan, la façon dont vous écriviez avec vos retenues ou vos effusions. Qui saura encore écrire en traçant des boucles sur un morceau de papier-lettre. Nous ne savons plus écrire aussi bien. Question d’importance. Où l’application est-elle partie, ces petites attentions que nous ne savons plus. Qui pourra nous réapprendre à écrire.





Le facteur n’est pas passé aujourd’hui. Hier il a déposé facture, électricité et feuille d’impôt. Demain ce seront quelques réclames. Le facteur passe et nous le saluons de loin. Nous n’avons plus ce petit pas pressé à son encontre. Reconnaître en ses mains l’écriture qu’on attendait. Ecriture soignée au centre de l’enveloppe. Le timbre collé avec un bout de langue. Le facteur est passé mais il ne m’a pas apporté une de ces lettres à faire battre le cœur. Je ne l’ai pas attendu, j’ai allumé mon ordinateur.

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